C’était cette semaine qu’Epic Games a décidé de nous offrir un premier aperçu de la nouvelle formule de son moteur graphique, l’Unreal Engine 5. Qui bien entendu a envoyé de bonnes claques notamment grâce à l’aspect esthétique de cette démo technique de quelques minutes. Mais alors, les jeux seront-ils vraiment comme ça sur Playstation 5 et Xbox Series X à leurs sorties ? C’est peu probable.
En effet, une démo technique est un procédé mis en place par une entreprise pour nous laisser apprécier une version extrêmement optimisée d’un logiciel. C’est généralement le cas pour les moteurs graphiques et bien sûr, Epic Games n’a pas manqué d’épaté la galerie avec une petite démo maison, permettant d’avoir un aperçu du rendu possible avec son moteur. Cependant, il y a plusieurs distinctions à faire entre ce que nous avons vu durant cette démo et ce qu’un jeu pourrait donner en utilisant l’Unreal Engine 5.

Pourquoi cette démo est trop parfaite pour coller avec la réalité ?
La prochaine génération de consoles soulève beaucoup d’attente de la part des joueurs et c’est plutôt normal puisqu’elle doit normalement marquer une évolution significative concernant la qualité des jeux. Nombreux sont ceux qui pensent que l’on va avoir quelque chose qui s’approche de la qualité de la démo publiée par Epic Games, à la sortie de ces nouvelles consoles. Mais c’est très peu probable dans les faits. Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu’une démonstration technique comme celle que vous pouvez retrouver dans la vidéo ci-dessus, est en fait totalement dépourvue de contraintes. On peut limite comparer ça, à un petit film interactif qui utilise un moteur graphique et des scripts pour faire bouger le personnage, faire réagir les décors etc… Mais de manière totalement planifiée. La démo n’a pas vocation à permettre à un joueur d’y jouer et c’est là toute la subtilité de la chose. Cela retire un bon nombre de contraintes non négligeables sur une présentation de ce type, comparée par exemple à un jeu qui a vraiment l’ambition d’être joué comme Cyberpunk 2077.

Car durant le développement d’un jeu, en plus de l’aspect graphique, il faut également que les développeurs prennent en compte tous les systèmes de gameplay nécessaires au bon fonctionnement du jeu. Ce qui peut inclure un rafraichissement des textures plus régulier, un champ de vision large ou modifiable (passage en vue subjective ou à la 3ème personne), des menus contextuels à l’écran etc… Ce qui mine de rien, demande certaines concessions en ce qui concerne le rendu global du jeu. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’en premier lieu, un studio montre une démonstration dite de « gameplay » laissant apparaître un jeu absolument incroyable graphiquement, pour ensuite se rendre compte que ce rendu n’est pas atteignable à l’heure de la sortie du titre. Ce phénomène a d’ailleurs un petit nom, le « downgrade » et certains studios se sont souvent retrouvé au coeur du phénomène les obligeants alors à adopter des stratégies moins élogieuses sur leurs jeux suivants. On pense notamment à Ubisoft avec Watch Dogs premier du nom qui envoyait du lourd lors de sa présentation de gameplay. Mais qui en réalité, n’avait pas réellement pu sortir avec un tel rendu en 2014.
Bref, tout est une question de contrainte sur le développement du jeu lui-même mais aussi des connaissances des studios concernant les composants du marché et l’OS des consoles. À chaque génération de consoles, le hardware change assez radicalement, ce qui permet d’avoir plus de puissance mais pour réussir à atteindre la meilleure qualité possible, il faut avant tout, que le studio réussisse à maîtriser tout ça. Et bien sûr, cela demande du temps. Car si l’on regarde les derniers jeux disponibles sur PS4 et Xbox One, comparé aux premiers titres disponibles sur les deux consoles, on se rend bien compte qu’il y a un énorme fossé entre eux. Pourtant les composants n’ont pas évolué en cours de route, toutes les PS4 et Xbox One (peu importe les versions) sont capables de faire tourner les derniers jeux en date. C’est ainsi tout simplement une question de maitrise des développeurs et pour le coup, on voit mal comment les premiers jeux au lancement de ces consoles, puissent réussir à nous offrir un rendu aussi bluffant que la démonstration d’Epic Games.

On se souvient d’ailleurs de sa démo de l’Unreal Engine 4 en son temps (c’est-à-dire en 2013) qui elle aussi, envoyait du lourd à l’époque. Pourtant le premier jet de softs n’arrivait pas égaler cette démonstration technique. Il a fallu du temps sur toute la durée de la génération PS4/Xbox One pour que les titres puissent atteindre un rendu similaire et finissent même par la dépasser. Car oui actuellement certains titres dépassent de loin ce que l’UE 4 avait laissé afficher en 2013 (comme Red Dead Redemption 2 par exemple disponible depuis octobre 2018). Mais d’un autre côté nous somme en 2020 et la démo en question est apparue il y a maintenant 7 ans.
Ce que l’on peut attendre des premiers jeux PS5 et Xbox Series X :
En somme, il ne faut pas vraiment s’attendre à de tels détails mirobolants avec les premiers jeux PS5 et Xbox Series X même s’ils utilisent l’Unreal Engine 5. Ils seront très largement améliorés par rapport à ceux de la génération actuelle il n’y a pas de doute, mais il est très peu probable qu’ils puissent atteindre la qualité de cette démo technique avant au moins plusieurs années. Donc pour 2021, il faut surtout tabler sur une résolution plus élevée (à condition d’avoir le matériel pour en profiter), plus de fluidité notamment avec un framerate plus important que sur PS4/One et également une meilleure gestion de la lumière, des ombres et des reflets par l’intervention du ray tracing.