Revue Shadow Labyrinth : PAC-MAN plus sombre que jamais
Un RPG qui tord les codes de Pac-Man en metroidvania 2D sombre, nerveux et stratégiquement exigeant ? Shadow Labyrinth transforme l’icône jaune en fable dystopique à secrets, combos et parades millimétrées.
Un Pac-Man passé du jaune au noir
Et si le mythe de l’orbe jaune embrassait enfin son côté obscur ? Avec Shadow Labyrinth, Bandai Namco Studios signe une réinvention inattendue de Pac-Man, dorénavant ancré dans la chronologie UGSF (United Galaxy Space Force) et remodelé en jeu de plateforme d’action 2D façon Metroidvania.
L’inspiration remonte à l’épisode « Circle » de la série Amazon Prime Video, Secret Level, qui a esquissé un Pac-Man dystopique. Ici, la promesse est tenue, une planète désolée, des vestiges de guerres anciennes, des combats exigeants et un lore à déterrer pièce par pièce.
Pour contextualiser l’héritage de la boule la plus célèbre du jeu vidéo, on peut d’ailleurs jeter un œil au site officiel de PAC-MAN.
Un cadre UGSF au service d’une mythologie renversée

On y incarne l’épéiste Numéro 8, une âme réveillée par Puck, orbe énigmatique et flottant, très proche du Pac-Man classique mais bien plus ambigu. Puck nous choisit comme instrument de sa volonté, et c’est à partir de ce lien trouble que se déploie un récit sombre et mélancolique, loin de l’esprit bon enfant d’antan.
Au début, l’objectif est vague, dicté par Puck ; puis, à mesure que l’on progresse dans le labyrinthe, l’intrigue se cristallise, civilisation perdue, secrets enfouis, entité tapie dans les ruines… L’exploration devient la clé pour comprendre, car les informations les plus précieuses passent par des éléments secondaires à traquer hors des sentiers battus.
Cette narration affiche un rythme parfois pesant, et certains personnages secondaires manquent de relief. Cependant, la richesse de la tradition UGSF et les liens évidents avec d’autres licences Namco donnent un socle cohérent, intriguant, presque archéologique. La progression principale reste plutôt linéaire, mais la révélation de la lore dépend de la curiosité du joueur. Résultat, un récit qui récompensera ceux qui fouillent, expérimentent et reviennent sur leurs pas.
Un Metroidvania qui serre le jeu
Étiquette trompeuse ? Pas ici. Shadow Labyrinth assume pleinement son ADN Metroidvania, carte labyrinthique à dévoiler, retours fréquents, nouvelles capacités pour débloquer des zones auparavant inaccessibles, et une boucle qui mélange exploration méthodique et combat de précision.
Aux commandes du Numéro 8, on enchaîne des combos à l’épée tout en intégrant des capacités ESP. Ces dernières ouvrent la voie à un style de jeu personnalisé, fondé sur des enchaînements qui marient offense et contrôle de l’espace. Le cœur tactique repose sur un système de parades et défenses crucial, avec le même bouton, on déploie un bouclier d’énergie plus indulgent ou on opte pour une parade risquée qui étourdit.
C’est là que le jeu indique ses intentions, un éclair rouge signale une attaque à contrer, un flash bleu une frappe à esquiver. Le timing n’est pas une option, c’est la règle.

Cette exigence s’accompagne d’une difficulté élevée et de points de contrôle parfois espacés. Les moins patients pourront rager ; les amateurs de challenge, eux, y verront une montée en puissance gratifiante qui récompense l’attention, l’observation et la mémorisation des patterns.
La meilleure idée de design porte un nom simple, Puck. En fusionnant avec l’orbe, le héros prend une forme de déplacement inédite le long des lignes électriques. Clin d’œil direct au game feel de PAC-MAN, ce mode introduit des séquences de plateforme nerveuses, avec possibilité de sauter et d’arrêter sa course. On passe d’une salle à l’autre comme sur un circuit imprimé vivant, avec ce petit frisson rétro qui va bien.
Puis vient GAIA, une armure mecha géante, déclenchée lors de passages clés, notamment certains combats de boss. Le gameplay se mue alors en déferlante d’invincibilité temporaire et de puissance brutale, idéale pour casser la routine, redistribuer les cartes et offrir des pics de spectacle. Cette alternance entre exploration cérébrale, combat ciselé, phases Puck et moments GAIA installe un rythme malin, capable de relancer l’attention sans trahir l’identité du jeu.
Shadow Labyrinth : un récit qui s’ouvre si on sait regarder
On l’a dit, la trame principale suit un fil assez rectiligne. Néanmoins, la révélation de la mythologie est ramifiée et infusée dans l’environnement. Les textes secondaires, indices visuels, artefacts disséminés et connexions à d’autres titres Bandai Namco tissent un réseau de sens riche. Ce choix impose un certain engagement, on lit, on cherche, on relie.
Le mystère autour de l’entité cachée, la trace des anciennes guerres, l’ambiguïté de Puck… tout pousse à enquêter. Et cette posture d’archéologue du pixel s’accorde parfaitement avec la progression à la Metroid et la curiosité propre au genre.
Certes, quelques dialogues étirés peuvent freiner l’élan, et tout le casting secondaire ne marque pas durablement. Mais la proposition a du cran, PAC-MAN réimaginé comme fable crépusculaire, avec un héros sans repères et un guide dont l’agenda n’est jamais totalement clair. C’est audacieux, et ça sonne juste.
Direction artistique et technique : style affirmé, finitions inégales

Visuellement, Shadow Labyrinth choisit un style sombre, palette désaturée, contre-jours et matières froides. Le design des ennemis et surtout des boss, dont de brillantes réinterprétations des fantômes 👻, colle parfaitement à cette ambiance sinistre. L’iconographie UGSF saupoudre l’ensemble de références militaires et industrielles qui densifient le décor.
Techniquement, tout n’est pas aussi ciselé. Certaines animations et finishes évoquent un rendu « flash » ; quelques éléments d’arrière-plan à faible résolution jurent sur grand écran. Pas rédhibitoire, mais visible, et d’autant plus perceptible qu’on passe des heures à arpenter la carte.
Côté audio, la bande-son opte pour l’ambiant, elle accompagne l’exploration, soutient le mystère, sans thématique ultra mémorable. À l’inverse, les effets sonores s’illustrent par leur finesse et la clarté des feedbacks, précieux pour anticiper et réagir dans l’instant.
Sur Nintendo Switch (modèle d’origine), les performances restent acceptables. Sur consoles de nouvelle génération et PC, la fluidité ne pose pas problème. À noter, la mise à niveau Switch 2 vaut le détour, et elle est annoncée gratuite. De quoi profiter au mieux de la direction artistique, malgré quelques aspérités visuelles.
Un RPG-Metroidvania pour les mordus de challenge
Ce RPG d’action 2D n’est pas là pour ménager. Il vise clairement les amateurs de Metroidvania qui aiment analyser des patterns, maîtriser un système de combat à plusieurs niveaux, et cartographier minutieusement chaque recoin. La difficulté élevée, la répartition parfois perfide des points de contrôle et l’exigence des parades imposent rigueur et sang-froid. À l’inverse, celles et ceux en quête d’une virée plateforme détendue risquent de décrocher.
Reste que quand tout s’aligne, une parade parfaite suivie d’un combo bien senti, une capacité ESP déclenchée au bon moment, une ligne électrique négociée au pixel près, Shadow Labyrinth déploie un flow rare, cette sensation d’être au cœur de la machine, d’en comprendre l’horlogerie et d’en tirer des victoires qui font vraiment plaisir. 🌌
Le bilan
- Points forts : conception de carte inspirée, combats profonds, lecture visuelle claire (rouge/bleu), mécanique Puck ingénieuse, passages GAIA spectaculaires, atmosphère forte.
- Points faibles : difficulté qui ne s’embarrasse pas, checkpoints parfois avares, certains visuels datés, dialogues inégaux.
La rédaction de gamersblog lui attribue la note de 8/10, un Metroidvania à la fois sombre, exigeant et stratégique, qui réussit l’impensable, transformer Pac-Man en aventure mature sans trahir sa nature de labyrinthe dévorant. Et ça, c’est une vraie bonne surprise.